VENIN

    

     Le venin coule, il roule et se lamente de ne trouver de proie plus appétissante !

     Le venin s'écrase sur le sol dans lequel il creuse, déployant tout l'arsenal de ses potentiels maléfiques.

     Le venin crie, dans le silence de son monde, là où personne ne peut évoluer ni vivre... sans être atteint par sa langue de vipère et se dessécher, et mourir !

     Le venin s'égosille en vain : personne ne songe à l'écouter...

     Le venin, faute de victime, va s'éteindre de lui-même... dans son silence, dans son monde vide... il rapetisse déjà, et s'amenuise... regarde : il n'est presque plus rien... puis : POUF ! Ça y est : il n'est plus.

     Pourtant, le mal et ses douleurs, qu'il a su si bien administrer... laissent des traces et des malheurs alentours. Son oeuvre se poursuit par ricochets, par attouchements malsains. Son odeur nauséabonde ne saurait disparaître totalement ! Son oeuvre lui survit... nourrit des petits maux du quotidien, alimenté de ces petits riens auxquels on n'attache aucune importance, mais qui rongent certains...

     Le venin coule, il roule et s'alimente des inattentions, des faux-semblants qui mentent.